Je crois que j’ai longtemps pensé, espéré, rêvé, que le travail thérapeutique, la connaissance de moi, allait me protéger de toute répétition, d’envahissement émotionnel, de heurts, de chaos dans ma rencontre à l’autre. J’imaginais accéder à un état d’apaisement stable. C’est tout autre chose que j’ai découvert et que j’éprouve en corps au présent.
La vie est mouvement, elle est flux, nous en sommes en permanence traversés. Aujourd’hui je ressens plus : la joie, la tristesse, la colère, le figement, la gratitude, l’angoisse, le calme, l’élan… Je vis plus de tout ça. Je comprends que le chemin c’est d’aller avec le tout. Je ne peux avoir que la face lumineuse des choses. Et si je tente de m’y accrocher, c’est comme si je créais des frontières, que je fermais l’accès à la rencontre avec d’autres parts de moi.
Quand j’accepte ce qui fait figure d’ombre, quand j’accepte de sentir ce qui me fait peur, d’être en contact avec ce qui tremble, avec ces zones souffrantes, indicibles, ces endroits de non sens, alors, aussi paradoxal que cela puisse paraître, j’ouvre un espace. Je fais ça du mieux que je peux. L’acceptation n’est jamais totale, constante. Il y a tout ce qui résiste. Tout ce qui en moi voudrait déjà être ailleurs, être autre. Écouter, reconnaître ce qui est, demande du courage, celui de s’arrêter, d’être au creux, à l’incertitude du temps nécessaire au passage.
Le oui est un acte de foi, de foi dans la puissance du vivant en moi qui cherche à permanence les voies d’équilibre, de développement. Ce oui là nous extrait des logiques binaires qui tendent à catégoriser comme mauvais certains sentiments, ressentis, par opposition à d’autres jugés bons. Tout ce qui vit en moi raconte une histoire, me parle de quelque chose que je ne peux pas nécessairement comprendre. Oui je suis avec, je vais avec, sans savoir. J’accepte le cycle vie/mort/vie qui fait qu’à chaque instant des choses doivent mourir pour que d’autres naissent. J’apprends à relâcher : relâcher des représentations que j’ai de moi, de ma place, de la relation, de ce qui est bien ou mal… Alors ça bouge, et parfois à une vitesse incroyable. Je vois autre chose, je sens autre chose, j’agis autrement.
Et on fait comment pour dire oui ? On renonce à l’illusion du « toujours gais, jamais tristes ensemble ». On renonce au fantasme d’atteindre un sommet de conscience, d’éveil, qui nous préserverait de toute perturbation. On renoncer à l’enfermement d’une recherche de compréhension immédiate. On s’offre du temps. On se rassemble avec un ou des autres. On essaye. On pose l’intention et on persévère, sans rigidité, avec tendresse pour ses allers retours.
Aude – Rêvailéluis
Avril 2024
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